Nous poursuivons les résumés de ces dialogues qui datent de 2009. Diane Musho Hamilton est Maître Zen et fortement impliquée dans l’Institut Intégral. Elle a beaucoup travaillé en résolution des conflits et médiation.
L’Ombre est définie ici comme l’inconscient selon Sigmund Freud ou Carl Jung. Il s’agit de tout ce qui est inacceptable par la conscience et qui revient sous forme de rêves, de projections sur les autres ou d’aspirations pour le monde. Ce concept est relativement nouveau et n’a pas été étudié par les traductions avant l’émergence de la psychanalyse. L’apparition de l’ombre est peut-être liée à un renforcement de l’égo qui est plus fort dans les cultures modernes et post-modernes. Auparavant, l’individu disparaissait au service de la collectivité.
Il est intéressant de noter que l’on est extrêmement prompt à détecter l’ombre chez les autres, mais qu’on est aveugle à sa propre ombre (presque par définition).
L’Institut Intégral propose de pratiquer le processus 3-2-1 chaque fois que quelque chose nous fait réagir. Et il y a tellement de choses qui nous mettent en colère, n’est-ce pas ? Quelque chose avec laquelle nous ne sommes pas en paix provoque de l’anxiété, de la tention chez nous, un sentiment de contrainte.
Question de Craig Hamilton : Quand nous devenons de plus en plus conscient, aligné, tout ce qui est en opposition peut sembler une offense personnelle ?
Réponse de Diane Musho Hamilton : Elle raconte une histoire de deux moines. Le Maître expérimenté n’hésite pas à violer toutes les règles en touchant une femme (pour la sauver de la noyade). Quand le jeune lui fait part de son étonnement, il lui répond : « La différence c’est que moi j’ai traversé le problème (et c’est terminé), tandis que toi tu es toujours occupé par ce problème ».
Le but du processus 3-2-1 est de rendre l’ombre consciente. Il peut être pratiqué par n’importe qui, dans n’importe quel contexte, à condition de le proposer à quelqu’un qui a la possibilité de prendre le rôle de l’autre (et cela implique d’avoir déjà atteint un stade de développement : un enfant de 4 ans n’est pas capable de prendre le rôle de l’autre).
Il y aura toujours de l’ombre car c’est ce qui fait avancer l’évolution. Egalement de l’ombre est créée lorsqu’on passe d’un stade de développement à un stade plus élevé. Et plus nous intégrons l’ombre, et plus nous sommes libres.
Exemple de mise en place de l’ombre : un enfant fait une bêtise en jouant (je fais une bêtise, 1ère personne), elle ne peut soutenir la culpabilité (tu as fait ça, 2ème personne) et répond en accusant quelqu’un d’autre, une 3ème personne totalement étrangère à la situation. Le processus permet de réverser cette séquence.
Tout d’abord localiser le symptôme, la personne problématique, remarquer, décrire, juger (3ème personne).
Ensuite entrer en conversation avec la perturbation, en fait une tu avec qui on dialogue (2ème personne).
Enfin, se mettre à la place de la perturbation, se mettre dans la peau de la personne problématique (1ème personne) : Oh j’étais en train de juger et je ne m’en rendais pas compte, je projetais mon jugement sur le monde entier.
Ce travail permet de nous libérer de la confusion que nous entretenons dans le monde (être fâché sans raison apparente…). Cela libère de l’énergie, et aussi du deuil. Le fait de ne plus être dans le déni génère de la paix. Il est nécessaire de soigner ce qui peut l’être et cela permettra à Dieu (tel que je le conçois) de m’utiliser davantage.
Qu’est-ce qui est limitant ? L’ego est l’obstacle, le soi séparé arrogant, causant la souffrance. Dans la pratique zen, on finit par épuiser le soi, il finit par s’effondrer.
Craig Hamilton se fait l’avocat de la méthode directe, avec la pratique intensive de la méditation. Il s’agit d’être honnête, sincère et d’avoir un désir de voir ce qu’on ne voudrait pas voir.
Le processus 3-2-1 est une méthode indirecte qui fait ressortir ce qui est caché.
Il existe l’ombre dorée (golden shadow) où l’on projette des bonnes parties de soi, par exemple sur les enseignants spirituels.
Question sur l’ombre dans le contexte d’un groupe : peut comporter de l’anxiété, de la violence, le problème du bouc émissaire.
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