Je suis en train de lire les mémoires de Nelson Mandela : Un long chemin vers la liberté.
Enfant, après la mort de son père, Mandela est recueilli par le Régent, le chef de la tribu Thembu, qui se charge de son éducation. Il y observe la démocratie locale.
byTous ceux qui voulaient parler le pouvaient. C’était la démocratie dans sa forme la plus pure… Tout le monde était entendu. Les gens parlaient sans interruption, et les réunions duraient des heures et des heures…
Au début, j’étais étonné par la véhémence – et la candeur – avec laquelle les gens critiquaient le Régent. Il n’était pas au dessus des critiques, en fait il en était la cible principale. Mais peu importe à quel point la charge était flagrante, le Régent écoutait tout simplement, sans se défendre, et sans manifester la moindre émotion.
La réunion continuait jusqu’à ce qu’un quelconque consensus soit atteint. Elle se terminait par l’unanimité ou pas du tout. L’unanimité cependant, pouvait être un accord de ne pas être d’accord, d’attendre un moment plus propice pour trouver une solution. La démocratie signifiait que tous les hommes devaient être entendus, et une décision était prise en commun en tant que peuple. La règle de la majorité était une notion étrangère. Il n’était pas question que la majorité écrase une minorité.
… Seulement à la fin, lorsque le soleil se couchait, le Régent prenait la parole. Son but était de résumer ce qui avait été dit, et de former un consensus, à partir de diverses opinions…
Un leader, disait le Régent, est comme un berger. Il reste à l’arrière du troupeau, laissant les plus vifs aller de l’avant, tandis que les autres suivent, sans réaliser que tout ce temps, ils sont dirigés de l’arrière.